Le secteur de la cybersécurité vu par les professionnels : l'Observatoire des métiers publie son enquête 2023

Pour mieux cerner le marché de l’emploi cyber, l’ANSSI a lancé en octobre 2021 un Observatoire des métiers de la cybersécurité, en collaboration avec la DGEFP et l’AFPAA. À l'automne 2023, 2252 professionnels ont participé à une enquête les interrogeant sur leur représentation du secteur et de ses métiers, dont l'étude publiée ici analyse les résultats.

Publié le 20 Mars 2024 Mis à jour le 04 Avril 2024

Dans le cadre de l'Observatoire des métiers et en partenariat avec l’Afpa et la DGEFP, l’ANSSI a réalisé en 2023 l'enquête « L’attractivité et la représentation des métiers de la cybersécurité vues par les professionnels », réalisée en miroir de celle de 2022, qui ciblait les publics en formation. Les différences de vision recensées dans cette étude ont permis d’identifier des actions à mettre en place afin de mieux faire connaître les métiers de la cybersécurité et de rendre plus attractif ce secteur.

Enquête 2023 : qui sont les professionnels ayant répondu ?

Parmi les 2 252 répondants au questionnaire :

  • La moitié d’entre eux n’est pas « natif cyber », ce qui signifie qu’ils n’ont pas nécessairement suivi de formation dans ce domaine, mais qu’ils se sont réorientés vers la cybersécurité, au cours de leur carrière ;
  • 24% d’entre eux exercent le métier de « RSSI » et 15% de « consultant en cybersécurité » ;
  • 40% d’entre eux travaillent dans des très grandes structures (plus de 5000 salariés) ;
  • 84 % sont des hommes, 14% sont des femmes, 2% ont sélectionné « autres ou ne souhaitant pas répondre ».

Une vision positive du domaine

Plus de 95% des professionnels de la cybersécurité ayant répondu à cette enquête déclarent (en sélectionnant « plutôt d’accord » ou « tout à fait d’accord » avec les propositions suivantes) que le domaine est d’importance majeure, créateur d’emploi, en évolution permanente, et qu’il propose des métiers d’avenir.

Les réponses sont cependant légèrement plus mitigées lorsqu’on se concentre uniquement sur les professionnels « tout à fait d’accord » avec ces propositions. Ils sont 82% à affirmer avec une certitude totale que le domaine est d’importance majeure. 63% d’entre eux sont « tout à fait d’accord » pour déclarer que le domaine est en évolution permanente. Les chiffres tombent à 54% lorsqu’il s’agit d’affirmer que le secteur offre de réelles opportunités de carrière, et ils ne sont plus que 50% à être complètement convaincus qu’il propose une large diversité de métiers.

Ces mêmes questions ont été posées aux étudiants en formation et la notion d’« importance » du secteur est partagée par tous : ils sont en effet 96% à l’attester. Il existe donc une image globalement dynamique et positive du domaine de la cybersécurité, chez les professionnels du domaine, mais également chez les étudiants en formation.

Des problèmes de reconnaissance sociale

Concernant la reconnaissance sociale et les conditions de travail, les résultats sont beaucoup moins enthousiastes : les professionnels ne sont que 88% à affirmer (42% seulement le disent « tout à fait ») que la cybersécurité propose des salaires attractifs, que 63% (21% le disent « tout à fait ») à déclarer que le domaine est reconnu ou valorisé socialement et que 41% (seulement 9% sélectionnent « tout à fait ») à penser qu’il permet de concilier la vie professionnelle et la vie privée. Ces résultats suggèrent donc un chemin encore important à faire sur ces sujets dans ce domaine : valoriser les métiers de la cybersécurité et mieux permettre aux professionnels exerçant ces métiers de concilier leur vie professionnelle et leur vie privée.

Il est à noter que ces perceptions varient légèrement selon le type de métier exercé. Par ailleurs, des différences notables se font sentir concernant les salaires des professionnels selon qu’ils travaillent dans le secteur privé ou le secteur public. Ils sont en effet plus de 90% à affirmer que les salaires sont attractifs dans le privé, contre 81% dans les secteurs publics.

Ici aussi, les mêmes questions ont été posées aux étudiants en formation : si 66% des apprenants estiment que le secteur est valorisé et reconnu socialement (pour les étudiants en cursus informatique et cybersécurité), ils ne sont que 52% des étudiants en cursus autres qu’informatique et cybersécurité à le penser. Les étudiants en cybersécurité ont par ailleurs une vision plus « positive » de la réalité que les professionnels concernant la conciliation entre vie privée et vie professionnelle (ils pensent à 57% que les débouchés leur permettront cette conciliation).

Cybersécurité et stéréotypes

Il existe de nombreux préjugés sur la cybersécurité et les perceptions sont différentes entre les professionnels du domaine et les étudiants en formation. À titre d’exemple, 30% des professionnels déclarent que le qualificatif « solitaire » s’associe bien aux métiers de la cybersécurité, contre 44% des étudiants en cursus informatique et près de 66% des étudiants en cursus « hors numérique ». De même, si 80% des professionnels estiment que l’exercice des métiers requière un fort relationnel, ils ne sont que 62% des jeunes en formation « cyber » à le penser, que 48% pour les jeunes en formation « informatique » et seulement 24% pour ceux suivant un cursus « hors numérique ». 

Si les publics en formation pensent que la cybersécurité n’est exercée majoritairement que par des personnels très qualifiés dans ce domaine (à plus de 83% toutes disciplines de formations confondues), les professionnels ne sont d’accord avec cette proposition qu’à 65%. De même s’ils sont plus de 60% des publics en formation à penser que les métiers de ce domaine sont majoritairement exercés par des jeunes, ils ne sont que 36% parmi les professionnels à le déclarer. Le même type de décalage est notable entre les professionnels déclarant que le domaine est ouvert à la reconversion professionnelle (64%) et les publics en formation (autour de 48% pour les cursus non numériques).

En termes d’aptitude relationnelle, il existe également des différences : la diplomatie ou encore la persuasion sont beaucoup moins valorisées par les publics en formation que par les professionnels du secteur. L’image des métiers chez les publics en formation reste donc principalement orientée vers la technique et les aptitudes organisationnelles. La dimension relationnelle, quant à elle, est particulièrement sous-évaluée par les publics en formation.

Comment développer l’attractivité des métiers de la cybersécurité ?

Si on demande aux professionnels s’ils conseilleraient à une personne de se diriger vers les métiers de la cybersécurité, la réponse est sans appel : oui, à 95% ! Ce résultat est un signal fort de la part des personnes en activité dans ce secteur : il montre en effet que les professionnels sont épanouis et satisfaits de leur cadre de travail ainsi que des missions dans lesquelles ils s’investissent. Parmi l’ensemble des répondants à l’enquête, 5% d’entre eux ne conseilleraient pas de se diriger vers la cybersécurité. Les raisons évoquées sont les suivantes : manque de moyens pour mener à bien ses missions, travail trop stressant, ou encore travail peu valorisé au sein de l’entreprise.

Enfin, à la question ouverte de quelles actions mettre en place pour attirer les jeunes vers le domaine de la cybersécurité, les professionnels ont fait près de 1500 propositions, structurées autour de trois axes : améliorer la communication autour de ce secteur, mieux structurer la filière métier et améliorer les conditions de travail.

Pour découvrir les propositions concrètes des professionnels de la cybersécurité et en savoir plus sur le sujet, retrouvez l'étude complète ci-dessous. 

Si le secteur est connu, les métiers le sont quant à eux beaucoup moins. Seuls quelques métiers sont facilement identifiables par les jeunes en formation ou par le grand public. [...] Pour les autres métiers, un nombre important d’entre eux reste méconnu du grand public et la représentation qui en est faite est bien souvent erronée, avec une perception très éloignée de la réalité du terrain.

Enquête 2023 de l'Observatoire des métiers